Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 juin 2007 6 23 /06 /juin /2007 19:08
Raymond BERRIOT (1910-1988)

Lorsque Raymond Berriot est mort, en avril 1988, un concert justifié de regrets et de louanges s'est élevé chez ses collègues de l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud où il était entré en 1932 (Section Lettres). Il est vrai qu'à l'E.N. de Privas (1953-1962), il avait su conquérir l'estime des normaliens par le souci qu'il avait d'assurer pleinement sa fonction directoriale, de veiller tendrement sur sa nombreuse famille et de prendre des positions politiques fermes, même catégoriques, au moment de la guerre d'Algérie. Son courage, à l'époque, reste exemplaire, nombre de Privadois s'en souviennent.


Né dans l'Ain en 1910, il avait été élève-maître à Mâcon. Devenu professeur, il enseigne à l'E.N. de Lescar (Pyrénées-Atlantiques) où son souvenir demeure. On le retrouve Inspecteur Primaire à Saint-Julien-en-Genevois, de 1947 à 1953, année où il devint directeur de l'Ecole Normale d'Instituteurs de Privas. Quittant l'Ardèche, il acheva sa carrière à l'E.N. de Foix en 1969.

Je lui rendis une visite d'amitié, vers 1985 dans sa maison ARMENDRAYA à Villefranque, près de Bayonne où il vivait sa retraite. Je le trouvai, certes, vieilli, mais toujours délicieusement aimable avec ses hôtes, entouré de son épouse, de deux de leurs enfants et méditant, avec la force spirituelle qu'on lui savait, sur les finalités de l'éducation et la destinée de l'homme...


Autant Jean Palméro, son prédécesseur à Privas, se tenait à distance des autorités religieuses du lieu, autant Raymond Berriot, adepte, dans sa jeunesse, du Personnalisme et du Sillon de Marc Sangnier, "chrétien de gauche" comme l'a écrit son ami Roland Halbout, autant Raymond Berriot avait langue avec des personnalités religieuses. Sa laïcité est toujours restée entière, sincère, incontestée et les mouvements post et péri-scolaires ardéchois on pu compter avec lui. Son sens aigu de la moralité ne l'a en aucune façon incliné vers la sévérité dans ses responsabilités de directeur. Cet homme épris d'absolu et qui a dû connaître le doute dans son itinéraire de croyant aimait bien trop la discussion pour imposer des interdits. Nul n'oubliera le béret basque qui le coiffait, ni les fines lunettes qui cachaient un regard vite amusé. Il a formé avec Madame Berriot, institutrice, un couple très uni, elle, parfaitement discrète, traversant la cour de l'E.N. enveloppée dans une cape noire, qui ne s'en souvient ? La mort les prit ensemble ou presque. Madame Berriot précéda de cinq jours son mari dans la tombe.

« Fidèle serviteur de l'Enseignement Laïque, homme de recherche, de conviction et d'action » a témoigné son ami « Cloutier »(1), Roger Mandard. Nous l'avons saisi ainsi, admirateur de Péguy, ardent pacifiste. Pour moi qui ai connu successivement deux directeurs entre 1951 et 1955, je crois pouvoir dire que Jean Palméro a vécu la pédagogie avec raison, Raymond Berriot avec passion.


Je pense à lui à chaque fois que vient à mes oreilles le refrain qu'Aragon, poète incrédule, égrène, comme pour nous ouvrir, dans l'action, à la tolérance :


« Celui qui croyait au ciel

Celui qui n'y croyait pas... »


(La Rose et le Réséda).


Robert COUDERT

promotion 1951-1955

E.N.I. PRIVAS



Notes:
1- Cloutier : professeur formé à l'E.N.S de Saint-Cloud





Commentaires :

A Robert Coudert, pour son article digne de foi

L’esprit migrateur

La vie parfois vous vole
L’esprit de celui qui la donne
Le souffle m’abandonne
Quand je croise ses paroles

Il était mon grand-père
En maître aussi fidèle
Que repaire spirituel
Ou fin d’un arc en ciel

A travers toutes ces heures
Silence rétif de ma grand-mère
Comme les mots
Les plus fiers
Et vifs de mon grand-père
Avant qu’il me laisse
Enfant sans adresse
Au berceau migrateur

Il était le père de ma mère
La douleur m’a prise
La neige, un soir d’hiver
Armendraya sous la peine

La douceur de la vie
Que je quitte
Une méprise
Que m’importe la pluie

L’esprit migrateur
Sans aucun interdit
Sa voix me traverse
Comme les neiges apparaissent
Le rythme étourdi
Des battements de mon coeur
Distante et proche
Le pays sous la cloche

Aude.

Le 30 août 2007, après son anniversaire, un grand merci

Commentaire n° 1 posté par: Legrand-Berriot Aude le 30/08/2007 - 21:28:52



Partager cet article
Repost0

commentaires