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10 février 2008 7 10 /02 /février /2008 09:53

CHEF DE CLASSE 
   
par Jean MILON



De par la diversité des origines et de par la diversité de pensées de ses éléments, la promo 56-60 de l’E.N. de garçons de Privas a, sans nul doute, marqué, plus qu’on ne pense son économe M. HUBERT, responsable de la bonne tenue de l’Ecole : « cravate garçon ! » et son directeur M. BERRIOT qui veillait du haut de son perchoir du premier étage, à la bonne discipline de l’ensemble.
Après essais infructueux ou refus décisifs des numéros me précédant dans l’ordre d’entrée, le titre ronflant de « Chef de classe » m’échut à la suite d’un vote à bulletin secret que je soupçonne avoir été quelque peu truqué.

undefined S’en suivit alors bon nombre de visites plus ou moins houleuses dans le bureau du Patron.
Peu de semaines calmes !
Quelle patience, quelle bonne humeur, quel dévouement, quelle volonté et quelle énergie dépensés ou dispensés pour – à chaque fois – trouver le mot, la phrase juste ou même le « bobard » le plus naturel pour leurrer la partie adverse permettant d’excuser le comportement d’un de nous ou même, de la classe entière !
Nul n’a oublié le jour où feuille blanche fut rendue à Miss POUGET pour une interro de physique sur le cours précédent alors qu’elle venait de me promettre de le reprendre : aucun de nous n’y ayant rien compris… mais peut-être y avait-il eu la veille une sortie !?    

J’ai bien cru ce jour-là prendre une « volée magistrale » (chose coutumière m’avait dit ROSSET, mon arrière grand-père) dans le bureau du premier… J’ai souvent eu – je l’avoue maintenant – les « guiboles qui flageolaient » en montant les escaliers et l’index qui hésitait au moment d’appuyer sur la sonnette…
Ne les revoyez-vous pas – Hubert et Berriot – attendant les « Garçons », contre vents et marées, les soirs de sortie ciné, J.M.F., théâtre ou bal ? Gare à celui qui avait eu l’audace d’en profiter pour une escapade qui obligeait le Patron à attendre dans son fauteuil, jusqu’au matin quelquefois, le déserteur dont la seule issue était d’avouer n’avoir pas pu résister à une aventure amoureuse. Là seul était le salut ! Qui pourra expliquer l’effet magique de cet aveu ?

Les souvenirs se bousculent :

  • problème avec l’instituteur de l’Ecole annexe
  • copies plus ou moins identiques lors des contrôles du samedi après-midi
  • promesses de bonne conduite
  • surveillance des engagements individuels ou collectifs
  • excuses aux profs au nom de la promo devant témoins
  • discussions sur les menus du dimanche soir
  • travaux d’utilité collective
  • mais aussi, demande d’autorisation de sortie… et j’en oublie bien sûr.

Souvenirs tous, plus ou moins plaisants ou drôles… la mémoire humaine oubliant plus ou moins consciemment les moments tristes ou difficiles.

Je veux cependant que mes collègues de promo sachent que leur « Chef de classe » ne regrette en rien ses multiples intercessions – qui ont développé et consolidé l’amitié qui nous unit encore aujourd’hui – auprès de ces deux hommes qui furent pour nous tous comme deux autres pères. Ne leur devons-nous pas un peu – après tout – ce que nous sommes devenus ?



Jean Milon est décédé en mai 2007




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